La relation Maroc-Afrique subsaharienne au prisme du patrimoine culturel commun. Le cas de l’esclavage des femmes noires

Abstract

Les romanciers marocains francophones ont accordé à la question de l’esclavage une attention particulière. Ils ont traité cette question sur le mode distancié de l’institution littéraire et ses rituels donnant ainsi droit de cité à une catégorie sociale jusque-là occultée dans le paysage éditorial, celle des esclaves noires subsahariennes en l’occurrence. Par le biais d’une étude exploratoire, le présent article essaiera de mieux comprendre l’effet de la patrimonialisation romanesque de l’esclavage, mise en œuvre dans le roman marocain francophone, sur le devenir de la relation Maroc-Afrique subsaharienne. Chacun des deux romans constituant le corpus d’étude du présent article retrace le parcours de vie d’une esclave qui, à un moment donné de sa vie, décide de livrer un témoignage personnel sur l’expérience de la traite dont elle a été victime et l’exploitation domestique qui s’ensuivait. Si la question de l’esclavage au Maroc est rarement invitée dans le débat public, comment en rendre compte par le prisme de témoignages personnels de victimes ayant vécu cette situation tragique ? Quel crédit accorder à ces témoignages s’ils sont véhiculés à travers une forme littéraire ? Comment finalement la mise en patrimoine de l’esclavage dans le roman marocain rend-il compte de la relation Maroc-Afrique subsaharienne ?