Sections de renseignement du Cameroun français sous mandat et adaptation aux défis de recherche de la profondeur stratégique (1939-1944)

Abstract

L’État colonial articulait-il son influence sur l’ensemble de son territoire ? La présente contribution tente de répondre à cette problématique qui structure les débats au sein des spécialistes de la surêté coloniale en Afrique. Pour d’aucuns en effet, partisans de la thèse de l’incontrôlabilité de l’État colonial, l’administration coloniale ne parvenait point à se déployer en raison de l’immensité du territoire et de l’insuffisance de ressources humaines et logistiques. Pour d’autres par contre, thuriféraires de la contrôlabilité de l’État colonial, cette incapacité n’est que conjoncturelle, car l’État colonial module son dispositif sécuritaire en fonction des enjeux politiques ou géopolitiques. Pour le démontrer, cette contribution inscrite sous la perspective de l’Intelligence Studies, revient sur la période de Cameroun sous mandat, où les sections de renseignement seront transformées en de véritables outils opérationnels. La consultation des sources d’archives et de la littérature spécialisée révèle que, non seulement la France, à travers le déploiement de ces segments, exerçait une domination effective sur l’ensemble du territoire à lui confié par la Société des Nations, mais parvenait également à étendre son périmètre sécuritaire jusqu’en Guinée Espagnole, considérée alors, en pleine Deuxième Guerre mondiale, comme base-arrière de l’Allemagne nazie dans le golfe de Guinée.