Appropriations et résistances locales aux normes internationales de développement durable : entre standardisation et hybridation au cameroun

Abstract

Au Cameroun, les normes internationales liées au développement durable — ISO, RSE, ODD — ne s’imposent pas dans un espace neutre. Leur diffusion se heurte à des logiques locales d’appropriation et de résistance, souvent contradictoires. Cet article interroge les mécanismes par lesquels ces référentiels globaux sont traduits, contournés ou hybridés par les acteurs économiques camerounais. L’objectif est de comprendre comment les entreprises, coopératives et start-ups sociales articulent la recherche de légitimité internationale avec la préservation de pratiques endogènes. L’analyse repose sur une enquête qualitative menée entre novembre 2024 et juin 2025, combinant vingt-quatre entretiens semi-directifs, huit focus groups et l’étude de documents institutionnels. Les résultats révèlent une pluralité de trajectoires : appropriations stratégiques et pragmatiques, résistances économiques, culturelles ou silencieuses, mais aussi émergence de compromis normatifs. Le rôle des intermédiaires (ONG, incubateurs, bailleurs, consultants) apparaît central dans la médiation des standards. Le financement solidaire agit comme un levier ambivalent : facteur d’ouverture lorsqu’il facilite l’accès aux ressources, mais barrière lorsqu’il conditionne cet accès à une conformité rigide. L’étude met en lumière une hybridation normative dynamique, porteuse d’enseignements pour la gouvernance de la durabilité dans les Suds.